L’augmentation du nombre de frontaliers n’est pas, en soi, un mal absolu. La Suisse a toujours été un pays ouvert, un pays carrefour, un pays qui a prospéré grâce aux échanges, aux compétences, aux collaborations.

Mais une société doit aussi se construire en pensant à ceux qui y grandissent.

Si nos jeunes ne trouvent plus leur place sur le marché du travail, alors c’est tout l’équilibre du pays qui se fragilise.

Si l’on forme des générations entières pour les voir regarder les offres leur passer sous le nez, la frustration finit par remplacer la confiance.

Et une société qui perd la confiance de sa jeunesse perd son avenir.

Il ne s’agit pas de fermer les portes, ni de dresser des murs.

Il s’agit de retrouver une cohérence :

Former ici, embaucher ici, transmettre ici.

Parce que chaque pays possède une manière de travailler, une manière de penser, une manière de faire.

Ce que l’on appelle, sans grands mots, le savoir-faire.

C’est ce savoir-faire qui a fait la réputation de la Suisse : la précision, la fiabilité, la rigueur, la patience, l’amour du travail bien fait.

Cela ne se copie pas, cela se passe. Cela s’enseigne. Cela se vit.

Et pour qu’il se transmette, encore faut-il que nos jeunes puissent entrer dans les ateliers, les bureaux, les hôpitaux, les chantiers, les entreprises de ce pays.

Alors oui, il est temps de réfléchir.

Il est temps de discuter.

Il est temps de dire calmement, mais clairement :

Pour préserver le savoir-faire suisse, il faut embaucher local.

Soutenir les apprentis, valoriser les métiers, encourager les entreprises qui forment, accompagner les jeunes qui commencent.

Construire un futur où la Suisse ne se contente pas d’exister, mais continue d’exister à sa manière, avec sa force, son identité, son style, son âme.

Parce que l’avenir ne se subit pas.

Il se prépare.